Les fascias sont des membranes de tissu conjonctif présentes dans tout le corps, elles sont composées principalement de fibre de collagène et d'eau. On peut facilement en observer quand on cuisine un morceau de poulet, il s'agit de cette membrane blanche ou translucide entre la peau et la chair, ou quand on mange une mandarine (les filets blancs qui en séparent les quartiers).
Ces tissus ont été découverts tardivement, pour la première fois par Bichat en 1800, puis par Salomon et Ida Rolf dans les années 1930. Ils ont été longtemps négligés au profit des autres organes, plus nobles que ces vulgaires tissus fibreux du point de vue des chercheurs. Les fascias sont aujourd'hui un sujet d'étude scientifique pour de nombreux médecins et biologistes, mais aussi un terrain d'expérimentation thérapeutique pour de nombreux praticiens. Les premières thérapies manuelles centrées sur les fascias ont été mises au point dans les années 1980.
On peut voir sur cette image en gris le fascia thoraco-lombaire.
A quoi servent les fascias ?
Les fascias entourent les différentes structures anatomiques du corps (muscles, os, cerveau, organes...), mais aussi les tissus, les fibres, et même certaines cellules. Les fascias ressemblent à une toile d'araignée en 3D, ils forment un réseau présent dans l'ensemble du corps, une matrice qui donnent une forme et un support au corps. Ils comblent les espaces entre les organes et soutiennent les muscles et les os. Sans eux, le corps ne pourrait tout simplement pas se porter lui-même et notre structure ostéo-articulaire dégringolerait de toute part.
Les fascias ne servent pas qu'à soutenir et relier l'ensemble du corps, ils permettent aussi de transporter la force des muscles, et d'amortir l'énergie mécanique comme un ressort. Ils participent ainsi grandement à la mobilité et à l'agilité corporelle.
Les fascias sont aussi innervés, vascularisés, et permettent l'alimentation et l'évacuation des liquides lymphatiques. Ils recueillent d'ailleurs plus de capteurs de mouvement (proprioception) et de récepteur de la douleur que les muscles eux-mêmes ! Ce qui explique qu'une approche thérapeutique des fascias peut se révéler très pertinente dans le traitement de la douleur.
Ces tissus mystérieux font aussi partie du système immunitaire, ils compartimentent le corps et abritent des cellules immunitaires, nous protégeant ainsi des corps étrangers.
Les études scientifiques mettent en lumière régulièrement de nouvelles fonctions et propriétés de ces tissus fascinants.
Liens avec la médecine chinoise
Dans les caractéristiques des fascias, certains auteurs (Maccoccia, Wan Ju Yi, Robertson...) retrouvent un organe décrit par les médecines traditionnelles asiatiques : le triple-réchauffeur. On dit de cet organe dans les textes anciens qu'il a une fonction mais pas de forme. Le triple-réchauffeur est parfois décrit comme un système de cavités corporelles : les espaces entre la peau et les muscles, entre les tissus, les organes, ou même ceux à l'intérieur des articulations. Dans ces espaces circulent les liquides organiques dont les fonctions de transformation, de transport et d'évacuation sont dévolues au triple-réchauffeur.
Le triple-réchauffeur est également un des lieux primordiaux de la circulation de l'énergie vitale (Qi). Certains praticiens reconnus émettent même l'hypothèse que les méridiens d'acupuncture se situent dans le système des fascias.
Un autre rapprochement entre les médecines occidentales et asiatiques, qui peut être troublante et rassurante à la fois, est la description des méridiens myofasciaux. En effet, ces chaines continues de muscle et de fascia correspondent presque à l'identique aux méridiens tendino-musculaires décrit depuis des milliers d'années par la médecine chinoise ! Ces méridiens expliquent qu'un problème à un endroit du corps peut avoir sa source dans un endroit différent. Ils justifient l'approche globale du corps que l'on peut trouver dans les thérapies manuelles comme le shiatsu.
Fascias et mémoire du corps
Les fascias sont considérés comme le support de la mémoire corporelle. Ils enregistrent notre posture, mais aussi nos stress et nos traumatismes qu'ils soient petits ou grands, d'ordre physique ou psychologique. Cette mémoire corporelle et émotionnelle influe la plastique de nos fascias. Par exemple une tendinite ou une entorse peut provoquer une inflammation des fascias qui vont ensuite perdre en mobilité et en souplesse. Comme les fascias sont omniprésents, les empreintes de nos expériences passées peuvent causer des douleurs et des maux variés (raideurs, douleurs, troubles respiratoires et digestifs, etc) en créant des nœuds (tensions) et des zones de moindre mouvement (restrictions corporelles).
On rejoint ici aussi l'idée de la médecine chinoise d'imprégnation du corps par les expériences vécues, la chair (les fascias) est le support de la mémoire psycho-émotionnelle. De ce fait, en travaillant le corps nous pouvons aussi travailler l'émotion et la libérer.
Intérêt de l'approche manuelle des fascias
Toutes les thérapies manuelles touchent les fascias, qu'elle les prennent en compte ou non. Le shiatsu, par son travail ciblé sur les méridiens et les points de pression, travaille particulièrement cette sphère. Il existe bien sûr des approches spécialisées, comme la fasciathérapie qui est enseignée dans les écoles d'ostéopathie, ou encore le Tuina de l'Eau, technique fascia-énergétique, que je pratique conjointement au shiatsu lors des séances au cabinet.
Le geste d'une approche centrée sur les fascias est particulier, il s'agit d'une écoute profonde (yin) des tissus et de leurs mouvements, pour trouver les zones de restriction et les dénouer. D'apparence, le praticien ne fait pas grand chose car les gestes sont extrêmement doux et délicats, et pourtant la libération des fascias a des effets très visibles. L'objectif principal est de trouver les zones de restriction, où les traumatismes physiques et psychologiques ont créé des "adhérences" entre les différents tissus corporels, puis de libérer les mouvements du corps en redonnant de la souplesse et de l'élasticité aux fascias. Les fascias sont par exemple très impliqués dans les maux de dos et lombalgies.
Les bénéfices physiques d'une telle approche sont de soulager les douleurs musculaires et articulaires, ramener de la souplesse, favoriser une bonne posture, et surtout révéler le potentiel de mouvement du corps. Les autres bénéfices sont de libérer le corps de l'empreinte émotionnelle des traumatismes et ainsi de rétablir l'équilibre psycho-corporel pour favoriser le mieux-être.
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